La belle histoire de la Perle
La belle histoire…
Il y a bien longtemps…
Les premières perles connues sont liées à l'homme de Neandertal. Elles ont été retrouvées à La Quina, un site en France, dans le département de la Charente, qui date de 38 000 ans environ avant J.-C. Ceux sont des dents et des os d'animaux incisés et portés en pendentifs.
Par la suite, les perles fabriquées par l'Homo sapiens n'apparaissent pas en grand nombre avant la première période du Paléolithique supérieur d'Europe occidental,le Châtelperronien (vers 31 000 av. J.-C.).
L'un des plus anciens dépôts de perles a été trouvé dans la Grotte du renne à Arcy-sur-Cure en France, datant de 31 000 av. J.-C. : des dents de renard, de hyène, de loup, de renne, d'ours et de marmotte ont été manifestement incisées et indentées pour être suspendues ensemble en collier. Des perles faites de coquilles fossiles ont été trouvées sur une série de sols d'occupation d'un abri sous roche calcaire dit "abri pataud", dans le sud Ouest de la France. Ils datent d'entre 30 000 et 19 500 ans av. J-C.
Un artisanat de plus en plus évolué se développa pendant le Gravettien de l'aurignacien (30 000-18 000 av J-C), à peu près contemporain des premières peintures et gravures rupestres d'Europe. A la fin du paléolithique supérieur (17 000-10 000 av. J-C), la forme des perles, tout comme leur agencement, deviennent plus complexes.
Et déjà…
La perle est unique par sa beauté révélée sans l’aide de l’Homme : ni taille, ni polissage ! Selon la légende hindoue, Krishna l’aurait cueillie au fond de l’océan pour en parer sa fille le jour de ses noces. Et 2300 ans avant l’ère chrétienne, les Chinois acceptaient les perles en paiement de l’impôt... Le plus ancien bijou avec perles a été retrouvé à Suza, en Iran, lors de fouilles effectuées en 1901 : un collier de 3 rangs comprenant 216 perles qui ornait le cou d’une princesse Achémide, endormie dans son sarcophage déjà 4 siècles avant J.-C.
En 1515, l’explorateur Balboa découvrit dans le Golfe de Panama une perle de 200 grains (50 carats), baptisée "Pérégrina", tellement exceptionnelle qu’elle s’en alla orner la couronne royale espagnole. Après être passée entre les mains de Joseph Bonaparte, Hortense de Beauharnais, Louis Napoléon et la Marquise d’Abercorn, elle fut mise aux enchères, en 1969, chez Sotheby’s où elle fut acquise par Liz Taylor qui la laissa malencontreusement à portée de son chien qui dans un mouvement malheureux ... la happa! Puis la restitua par les voies naturelles non sans l’avoir quelque peu endommagée !
La perle de culture
Les perles ont longtemps été considérées comme des pierres précieuses, dont l'origine fut souvent attribuée poétiquement à une goutte de rosée solidifiée. Depuis longtemps, les Chinois savaient que le manteau des mollusques sécrétait la nacre de leur coquille, et l’on trouve ainsi, dès le XIIème siècle, des bouddhas de nacre résultant de l’enrobage, pendant quelques années, d’un modèle de plomb ou d’étain glissé entre la coquille et le manteau de mulettes d’eau douce.
Dans les environs de Kobe, Mikimoto mit au point la technique de l’élevage dans des paniers suspendus à des cordes, et utilisa une méthode d’introduction de greffon de manteau destiné à sécréter des couches perlières autour du noyau de nacre. Cette technique était inspirée des travaux de son gendre décédé. Il commercialisa ses premières perles de culture aux Etats-Unis, organisant avec génie ses fermes perlières.
Les secrets de la technique de culture furent bien gardés, en dépit de la volonté américaine, et les fermes perlières ne purent s’implanter alors hors du Japon qu’avec la présence de greffeurs japonais.
L’eau douce des lacs et des rivières…
A la suite des travaux d’un des frères Fujita, il s’est développé depuis 1960 une culture de perles en eau douce, le greffon est introduit sans noyau de nacre dans le manteau de la mulette opérée, et il se développe une perle de culture ovale à baroque, à large centre irrégulier ; chaque mollusque peut recevoir jusqu’à 20 greffes par valve, soit 40 greffes au total (en général, 10 à 15 greffes par valve seulement sont introduites pour ne pas épuiser le mollusque). Après avoir grossi pendant un minimum de deux années, les perles de culture sont extraites avec soin de la mulette, afin de ne pas trop la blesser ; elle pourra ainsi produire une seconde génération de perles et parfois encore une troisième.
Les perles de culture d’eau douce ont souvent des formes baroques, froissées, en grains de riz mais, de plus en plus, on les trouve presque parfaitement sphériques faisant concurrence en beauté et, surtout, en prix aux perles de culture d’eau de mer.
Depuis la fin des années 1970, une culture de perles en eau douce s’est fortement développée sur le modèle de la culture de perles du lac Biwa ; les perles de culture sont aussi commercialisées par l’intermédiaire des Japonais. La Chine est devenue depuis 1990 le principal producteur de perles de culture à implant organique, souvent presque sphérique.
Les perles peuvent être cultivées partout mais certains pays s'en sont fait une spécialité. Devant le succès grandissant des perles de culture et grâce à un accroissement du commerce mondial, de plus en plus de pays se lancent ou retrouvent les traditions de la culture des perles : Philippines, Viêt-nam, Indonésie, Myanmar (Birmanie), Venezuela...
Aujourd’hui…
Source : Australian Jeweller, mars 1998
Les progrès de la perle
Lors de l'exposition de joaillerie et d'horlogerie de Miller Freeman, organisée en septembre 1997 à Hong Kong, le représentant de Australian Jeweller a eu le plaisir d'assister au tour d'horizon de l'industrie de la perle effectué par un représentant de l'Institut américain de gemmologie (Gemmological Institute of America - GIA) qui y loua les progrès de la filière chinoise des perles d'eau douce cultivées, disant que la qualité de ces perles s'améliorait rapidement et qu'elles pouvaient désormais être considérées à juste titre par les joailliers comme un produit attrayant, concurrentiel et tout à fait légitime.
Leur moindre coût permet au détaillant d'encourager son client à acheter plusieurs rangs colorés pour le prix d'un seul rang de qualité Akoya, à la différence de ce qui se faisait jusque-là.
Jusqu'à il y a peu de temps, les perles d'eau douce cultivées par les Chinois comportaient un nucléus fait d'un fragment de manteau prélevé sur un mollusque et implanté chez l'animal hôte. Les huîtres Akoya, par contre, sont greffées au moyen d'une petite particule sphérique découpée dans la coquille d'une moule d'eau douce américaine.
Récemment, le procédé japonais d'implantation d'un nucléus sphérique a porté ses fruits pour les perles d'eau douce des producteurs chinois. Les négociants en perles qui fréquentent les expositions du monde entier savent que les rangs de perles chinoises rondes et blanches abondent. On y distingue facilement une teinte blanc rosé, un trait jusqu'à présent plus caractéristique des perles japonaises Akoya que d'un produit en provenance de Chine.
À l'heure actuelle, toutefois, les intervenants du secteur perlier semblent confirmer que les perles d'eau douce de culture chinoise de bonne qualité sont en train de se créer un créneau, au moment même où les éleveurs japonais ont du mal à livrer des quantités suffisantes.
Un défi attend le détaillant de perles d'eau douce : il doit convaincre le consommateur que la perle qui leur convient le mieux n'est pas nécessairement une perle parfaitement blanche et ronde. La perle baroque fait étinceler la personnalité de la femme qui la porte, particulièrement celle des plus jeunes qui, jusqu'alors, devaient se contenter d'un produit à base de nacre pour des raisons de prix.